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« Libre antenne » : M6 et ses projets sous-titrage

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Vendredi 16 février, Éric Mazet a reçu, dans son émission de Libre antenne sur Sud Radio, Alain Chartiez, directeur de l’antenne de M6. Cette invitation fait suite à l’article du quotidien gratuit "20 minutes" (cliquez ici) paru le même jour...

 Téléchargez la retranscription intégrale au format pdf en cliquant ici
 Téléchargez l’extrait au format mp3 (source : sudradio.fr) partie 1 en cliquant ici - partie 2 en cliquant ici

La retranscription

Éric Mazet : Bienvenue si vous nous rejoignez maintenant, c’est la libre antenne citoyenne mes petits amis. Et quand on est citoyen, on peut passer des coups de gueule aussi… Tiens, Carole, Karine, vous pouvez m’appeler, s’il vous plaît, le directeur d’antenne d’M6, il s’appelle Alain Chartiez, j’ai quelques questions à lui poser.
Moi j’ai un gros coup de gueule à passer. Ils sont 6 millions, soit 10% de la population, à ne pas pouvoir suivre les émissions politiques que ce soit sur TF1, M6 et Canal +, pourquoi ? Parce qu’ils sont sourds.
Et ces chaînes de télévision ne sous-titrent pas pour l’heure en télétexte aucune émission politique alors qu’une recommandation du CSA oblige les chaînes à traduire en Langue des signes l’ensemble des programmes.
Alors, la Une évoque, jusque là, un manque de moyen et la complexité technique, il parait que c’est un dispositif assez lourd, qui coûte beaucoup d’argent, c’est ce qu’on nous dit à TF1, on va voir ce qu’on nous dit à M6 dans un instant, mais par exemple le groupe Francetélévisions, il faut savoir, et c’est là que c’est incompréhensible, s’y colle, lui, depuis 1991 !
Donc on va pas me dire que Francetélévisions a plus d’argent que M6 ou TF1… Sachez par exemple qu’hier soir, 10 personnes ont œuvré dans les coulisses de France 2 pour retranscrire en direct les débats de « À vous de juger », avec notamment François Bayrou, et alors les associations, par exemple, de défense des sourds et malentendants disent, je cite : « nous ne voulons plus voir des sourds voter Le Pen au seul prétexte qu’il articule bien à la télévision ».
Et moi, je trouve ça véritablement scandaleux aujourd’hui que 6 millions de personnes en France ne puissent pas suivre les émissions politiques, c’est 10% de la population, 10% de la population qui soit ne vont pas voter, soit vont voter n’importe comment. Bonsoir Alain Chartiez !

Alain Chartiez : Bonsoir !

Éric Mazet : Bonsoir, vous êtes directeur d’antenne d’M6

Alain Chartiez : Absolument…

Éric Mazet : Alors vous êtes un peu incriminé sans cette affaire quand même, entre TF1 et Canal +, je rappelle que dimanche à 17.40, vous avez une émission politique, présentée par Estelle Denis, donc vous êtes concerné… Est-ce que vous pouvez d’ores et déjà est-ce que cette émission sera sous-titrée ?

Alain Chartiez : Alors cette émission va nous servir de test puisque j’ai entendu toutes vos récriminations et j’en partage certaines d’ailleurs, cette émission va servir de test parce que nous sommes en train de préparer, effectivement, le sous-titrage en direct des émissions électorales, et aussi d’ailleurs des journaux télévisés parce qu’il n’y a pas que les émissions électorale qui contribuent à forger l’opinion des citoyens. C’est vrai qu’il y a effectivement des problèmes techniques à résoudre…

Éric Mazet : Quels sont ces problèmes techniques ? On comprend pas bien, parce que d’un côté on a Francetélévisions qui nous dit qu’ils utilisent ce moyen depuis 1991, et aujourd’hui on nous dit « oui on peut pas le faire parce qu’on a des problèmes techniques ».

Alain Chartiez : C’est vrai que le service public a effectivement des tâches qui lui sont propres, les chaînes privées ont d’autres obligations qu’elles respectent.
C’est vrai que la France avait pris beaucoup de retard dans ce domaine là, il n’y avait aucune obligation en France pendant des années alors que nos amis Britanniques avaient une législation assez contraignante depuis pas mal de temps, ce qui explique que la BBC est effectivement en avance pour nous.
C’est vrai qu’on a essayé de développer aussi des technologies un peu plus modernes et plus réactives parce qu’en fait la difficulté de base pour sous-titrer, c’est de sous-titrer du direct, c’est de sous-titrer du direct d’hommes politique qui ont un langage, des tournures de phrases, une approche des choses qui se prête parfois mal à un sous-titrage qui doit être bref, concis, etc.

Éric Mazet : Enfin, en même temps, encore une fois, je veux pas insister mais hier soir l’émission « À vous de juger » sur France 2, apparemment ils n’ont pas eu de problèmes pour sous-titrer en direct. Ça n’a pas été un problème pour eux…

Alain Chartiez : Effectivement, ils mobilisent une dizaine de personnes pour faire ça, ils ont l’habitude de le faire, c’est une vraie compétence professionnelle que de faire du sous-titrage en direct et encore plus d’émission politique, c’est ce qu’M6 est en train de développer avec une importante société, un prestataire extérieur, européen qui va nous aider à réaliser ce sous-titrage en direct des journaux et des émissions politique.
Vous imaginez la difficulté, nous avons droit à 3 secondes d’écart entre le moment où l’homme politique prononce un mot et le moment où ce mot apparaît à l’écran. Donc, ça nécessite quand même une logistique technique, les progrès informatiques d’ailleurs nous aident beaucoup, puisque tout ça se fait évidemment avec des outils informatiques…

Éric Mazet : Oui mais Alain Chartiez, excusez moi de vous interrompre, mais d’accord, les problèmes informatiques, etc. mais il y a quand même une solution qui coûte beaucoup moins cher, qui existe depuis que la télévision existe, c’est quand même le langage des signes !
Pourquoi ne pas payer par exemple une personne, la mettre dans un coin, mettre une petite icône en haut à gauche, par exemple, de l’écran avec quelqu’un qui traduit en direct en langage des signes, ça coûte rien, et là, on maîtrise la technique !

Alain Chartiez : Nous avons eu beaucoup de discussions avec les associations et avec Jérémie Boroy sur cette question, il faut vous dire aussi que le langage des signes, contrairement à ce que nous pensons nous, qui avons la chance d’entendre normalement, que ce langage des signes n’est pas partagé par tous les sourds et que certains ont besoin d’un sous-titrage, tel que nous allons le faire d’ailleurs pour ces émissions et que le langage des signes est réservé notamment à des sourds de naissance, qui n’ont jamais entendu aucun son et qui ont appris cette Langue française des Signes, pour utiliser son nom précis.
Deuxièmement, cette langue des signes, elle s’impose à tous les téléspectateurs, et oblige 20, 25 millions de foyers de voir effectivement, ce petit bonhomme ou cette petite dame qui dans un coin agite ses bras dans tous les sens…

Éric Mazet : Oui mais en même temps, Alain Chartiez, là on est plus dans une logique d’audience puisque c’est de ça dont vous parlez. Les gens zapperaient finalement au bout d’un moment car ils en auraient marre de voir quelqu’un traduire en langage des signes…
Là on est plutôt dans une logique citoyenne, je parle en terme de politique pas sur les autres programmes, donc bon…

Alain Chartiez : C’est vrai que le langage des signes est un des moyens d’informer une des catégories de sourds, la BBC par exemple a 8,5% de ses programmes qui sont en langage des signes, mais n’a pas une obligation qui va aller beaucoup au-delà.
Donc il faut être réaliste en disant que l’effort essentiel que nous devons porter, que ce soit sur nos programmes : nos fictions, nos séries, nos films ou nos émissions en direct, sera essentiellement pendant quelques années encore avec du sous-titrage.
La deuxième phase sur laquelle nous sommes en train de travailler, c’est le développement de la technologie notamment de la TNT, qui nous permettra un jour de proposer ce langage des signes sans l’imposer à ceux qui ne veulent pas le voir.

Éric Mazet : D’accord… comme le télétexte finalement…

Alain Chartiez : Comme le télétexte, avec un deuxième canal dédié, une petite fenêtre dans l’écran un peu comme, pour les postes évolués ce qu’on appelle le PIP, Picture In Picture, l’image dans l’image, qui permet de suivre une chaîne et de regarder dans le cvoin supérieur gauche ce qui se passe sur une autre chaîne. C’est cette technologie là que nous sommes en train de travailler.

Éric Mazet : D’accord… ben en tout cas je suis content que vous me confirmiez que l’émission de dimanche sera sous-titrée pour les sourds et muets…

Alain Chartiez : Elle sera, attendez, soyons précis pour ne pas décevoir les gens…

Éric Mazet : Oui, ça sera un test…

Alain Chartiez : …nous n’allons pas diffuser pour le moment ce sous-titrage mais nous allons la tester pour voir si nous sommes capables de fournir un sous-titrage précis, rigoureux, sans faire de contresens pour rapport à ce que va dire le politique, parce que le deuxième danger qui serait à mon avis beaucoup plus grave, c’est…

Éric Mazet : de ne pas traduire les bonnes phrases…

Alain Chartiez : …c’est de contrefaire la pensée de la personne qui parle.

Éric Mazet : bien sûr… tout à fait…

[Question sur le contenu de l’émission en elle-même disponible dans la retranscription pdf en haut de cette page.]

Éric Mazet : On va vous surveiller, hein, quand même un petit peu à M6 !

Alain Chartiez : Sans problème…

Éric Mazet : Les sourds vous surveillent ! Mais je sais que vous êtes en relation de toute façon avec les associations et c’est ça le principal…
Merci beaucoup Alain Chartiez ! Je rappelle que vous êtes le directeur de l’antenne d’M6, Merci !

Alain Chartiez : Merci, à bientôt !

Éric Mazet : À bientôt, bon week-end… Et bien c’est fini pour nous ! On se retrouve lundi à partir de 19.00. Désolé, je m’excuse auprès des gens qui voulaient réagir justement sur ce sujet-là mais il est 21.00, on n’a pas vraiment le temps.
On pourra certainement en reparler lundi puisque l’émission d’M6 sera passée donc on pourra peut-être en faire un petit compte-rendu…
Si vous connaissez des gens qui sont sourds autour de vous justement, et bien venez nous raconter si eux ont apprécié l’émission d’M6 avec ce fameux ce sous-titrage qu’on nous annonce là… J’espère que c’est vrai…

Carole (coanimatrice) : Je pense qu’ils mentiraient pas quand même !

Éric Mazet : Oui mais il a quand même dit que c’était pas évident non plus…

Carole (coanimatrice) : c’est un test… c’est un test…

Éric Mazet : C’est pas évident pour M6, ça l’est beaucoup pour Francetélévisions en tout cas on a bien compris…

Diffusé sur Sud Radio vers 20.50 dans "la libre antenne" du vendredi 16 février 2007.

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