2010 approche. Avec elle, des obligations de sous-titrage beaucoup plus fortes qu’aujourd’hui et même quelquechose d’encore inimaginable il y a seulement quelques années : 100% de sous-titrage...
Comme chaque année, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel publie un dossier qui fait un point complet sur l’état de l’accessibilité télé. Et le CSA est content car il y a « une nette progression » sur les grandes chaines pour l’année 2007 et la campagne électorale qui l’a animée.
Chaines publiques
100% sous-titrées en 2010
La loi du 11 février 2005 exige que 100% des programmes des chaines publiques soient accessibles d’ici à 2010. Seuls les écrans publicitaires (qui vont d’ailleurs disparaitre progressivement jusqu’en 2012) ne sont pas concernés par cette obligation. Des « dérogations justifiées par les caractéristiques de certains programmes » pourront être accordées.
Francetélévisions travaille sur cet objectif et précise que « l’extension du dispositif aux programmes régionaux les plus porteurs d’audience est prévue en fonction des progrès techniques ».
En ce qui concerne l’outremer, chaque station de RFO proposera une édition régionale sous-titrée en 2010.
2007 : Une bonne année
Le CSA note que le volume de programmes sous-titrés sur les chaines publiques a « très nettement augmenté ». Seul France 4 joue au vilain petit canard en n’ayant uniquement proposé des programmes en VO pour des raisons techniques.
La langue des signes reste peu présente sur les chaînes publiques : deux éditions d’information dans Télématin sur France 2 à 6h30 et à 8h45, les débats à l’Assemblée nationale sur France 3, L’Œil et la Main sur France 5.
Plus de la moitié des programmes proposés par France 2, France 3 et France 5 en 2007 a été accessible aux personnes sourdes ou malentendantes. Pour le détail, voyez nos liens à la fin de cet article.
Si la situation est bien connue en métropole, qu’en est-il des antennes de RFO ?
Et bien tous les programmes en LSF de France 2/3/5 sont repris (journal pour sourds et malentendants de France 2, débats parlementaires de France 3, L’oeil et la main sur France 5). À la Réunion, RFO propose journal télévisé local hebdomadaire en langue des signes d’une durée de sept minutes. En 2007, plusieurs numéros des émissions « DZ Le Mag » et « Fenêtre sur Kour » ont été doublées en langue des signes.
Lorsqu’une émission est sous-titrée en métropole, elle l’est aussi sur RFO. Il n’y a, en revanche, aucune production locale sous-titrée. Raisons avancées : le coût et la rareté d’entreprises locales de sous-titrage.
Chaines privées
Les obligations pour 2010
Toutes les chaines privées (y compris celles qui n’utilisent pas de fréquences accordées par le CSA) ont dans leur convention le volume de programme qui doit être accessible. Celui-ci dépend principalement de l’audience de la chaine.
– Pour les chaines dont l’audience moyenne annuelle dépasse 2,5% de l’audience totale (TF1, M6 et Canal + actuellement), 100% des programmes doivent être sous-titrés d’ici 2010. Comme pour le service public, hors pubs et certains programmes particuliers.
– Pour les chaines hertziennes (y compris la TNT) dont la moyenne annuelle d’audience est inférieure à 2,5% de l’audience totale, 40 % des émissions (hors pubs) seront sous-titrés à compter de 2010.
– Pour les chaines conventionnées du câble et du satellite, 20% de sous-titrage (hors pubs) dès 2010.
Point très important : « La cession ultérieure à tout autre éditeur de tout programme que la chaîne a sous-titré devra inclure le sous-titrage ». Concrètement, une série est diffusée avec un sous-titrage sur TF1. Si 13ème rue achète cette série, elle récupère aussi le sous-titrage de celle-ci.
Suite à une demande de TF1, ne seront pas sous-titrées :
– les mentions de parrainage
– les chansons interprétées en direct
– les bandes-annonces à la condition que le jour et l’heure de diffusion du programme soient clairement indiqués.
Ces trois exceptions (auxquelles s’ajoutent celle des publicités) sont valables pour toutes les chaines.
À propos de la TNT, le CSA a fait parvenir aux chaines un avenant à leur convention fixant, comme expliqué ci-dessus, le taux de programmes accessibles à 40% d’ici 2010.
W9, LCI, Direct 8 et Virgin 17 l’ont signé.
En 2007, les chaines n’utilisant pas de fréquences assignées par le CSA « se sont peu investies dans l’accessibilité de leurs programmes aux personnes sourdes ou malentendantes. La plupart mettent en avant des coûts élevés pour la mise en place de dispositifs adaptés » selon les termes du Conseil.
Pour les chaines dont la convention a été signée après la loi du 11 février 2005, un avenant a été envoyé, pour les autres, il faudra attendre le renouvellement de la convention (plusieurs années pour certaines chaines).
En 2008, ont signé : 123 Sat, AP-HM Télévision, Astrocenter TV, Demain, Disney Channel, KTO, Lohys TV, Mizik Tropical, OL TV, OM TV, Onzéo, Tishk TV, Ciné-Cinéma Culte, Ciné-Cinéma Famiz, Euronews, Planète Justice, Télétoon, Vivolta.
Sur ces chaines, on retrouvera donc 20% de sous-titrage en 2010.
Election présidentielle 2007
Il ne vous aura pas échappé qu’un nouveau président a été élu en mai 2007. Ni qu’une campagne a précédé cette élection ! Bilan à froid de l’accessibilité de celle-ci.
Le 7 novembre 2006, le CSA demande à TF1, France 2, France 3, Canal+ et M6 de « favoriser l’accès (par sous-titrage et/ou langue des signes) des personnes sourdes ou malentendantes aux principaux programmes consacrés à l’actualité électorale diffusés aux heures de grande écoute ». Et l’objectif est atteint pour le Conseil qui se dit « satisfait » des développements du sous-titrage.
Les journaux de M6 (19 mars 2007) puis de TF1 (2 avril 2007) sont sous-titrés. Tout comme de nombreuses émissions sur France 2 (À vous de juger, Complément d’enquête, Question ouverte), France 3 (Français, votez pour moi et France Europe Express dès 11 mars 2007), France 5 (Chez FOG, Je vote comme je suis et En deux mots), TF1 (Face à la Une), M6 (Elysée 2007 le débat), Canal + (Dimanche + à partir du 25 mars 2007).
Le débat d’entre-deux tours du 2 mai 2007 a été sous-titré sur TF1 et France 2 et doublé en Langue des signes sur La Chaîne Parlementaire-LCP.
Enfin, les deux soirées électorales ont été sous-titrées sur TF1, France 2, France 3, M6 et Canal + (hormis Les Guignols).
Combien ça coûte ?
L’argument financier revient souvent lorsqu’on parle de sous-titrage. Le CSA signale en avant-propos que les coûts sont difficiles à définir précisément car ils dépendent de la nature des programmes. Nous invitons d’ailleurs nos lecteurs, parmi lesquels se trouvent des professionnels du sous-titrage, à préciser ces chiffres s’ils le souhaitent.
Les émissions en direct coûtent logiquement le plus cher. Le CSA parle de sommes allant jusqu’à 30 euros la minute suite aux difficultés techniques et aux contraintes que cela suppose. « Une émission diffusée en soirée ou le week-end induit des rémunérations supérieures à la moyenne » peut-on lire.
Le coût dépend aussi des problèmes à sous-titrer. « Ainsi, les émissions qui rassemblent de nombreux intervenants en plateau (qui éventuellement se coupent la parole) et comportent de fréquentes interruptions (inserts d’images : reportages, zappings, micro-trottoirs…) présentent de plus grandes difficultés ».
Les programmes enregistrés (aussi bien les émissions que les fiction) coûtent en moyenne entre 12 et 15 euros la minute. En rediffusant le programme, on rentabilise toutefois le coût moyen de l’heure d’antenne accessible puisque la chaine ne paie le sous-titrage qu’une fois et pas pour chaque diffusion.
Nous en parlions plus tôt, jusqu’à présent le sous-titrage était réalisé pour une chaine et donc n’était pas transmis lors d’un rachat de droits (Friends était sous-titré sur France 2 mais pas sur W9). Le CSA a demandé que « les programmes sous-titrés par un diffuseur soient, lorsqu’ils circulent, cédés avec le sous-titrage préalablement réalisé ».
Liens
– Le dossier complet du CSA
– Les chiffres du sous-titrage, dossier complet
– Les chiffres du sous-titrage, année 2007 (analogique et TNT)
– Le sous-titrage en 2007 sur Francetélévisions