Dans son numéro du 24 au 30 septembre 2006, le magazine « Tv Hebdo » aborde dans un long dossier de 3 pages le manque de sous-titrage à la télévision.
L’article traite tout d’abord de l’information rappelant que seul France 2 rend accessible les journaux de 13 et 20 heures. Pour TF1, il faut savoir lire sur les lèvres en espérant que la caméra ne perde pas de vue PPDA. « Que les sourds ne cherchent surtout pas à se forger une opinion avec les magazines d’info » poursuit Antoine Clause, auteur de cet article, citant Sept à huit, Zone interdite, les chaînes info ou les chaînes du Parlement. Les problèmes de sous-titrage d’Envoyé spécial sont aussi évoqués. À propos du sous-titrage en direct, le journaliste ajoute « les chaînes ne sont clairement pas équipées, ni humainement, ni techniquement, pour réaliser une telle prouesse ». Une précision est, de plus, faite : la langue des signes ou la lecture labiale ne sont que peu répandues chez les sourds ce qui fait du sous-titrage la solution la plus efficace...
La suite de l’article est consacrée aux différentes normes que demandent les chaînes. « TF1 et Arte exigent, par exemple, 25 caractères toutes les 2 secondes alors que francetélévisions n’en souhaite que 22. Cela n’a l’air de rien, mais dans la version sous-titrée d’un film en langue étrangère il y a 37 signes et déjà le spectateur en perd. Alors avec 22 ! D’autant plus que les versions multilingues sur Canal Sat ou TPS en ont, elles, 34 ! Avec un tel système, il est clair que personne ne voit le même film. » Les différences typographiques sont aussi déplorées puisqu’elles nécesitent de retravailler les sous-titres à chaque changement de chaîne.
Quand une émission est sous-titrée, encore faut-il que tout fonctionne ! Problème de calage ou de réception ne sont pas rares mais il est possible d’agir en contactant les chaînes pour leur signaler le problème, comme l’avait dit Sophie Drouvroy avec l’aide de son mari, lors d’un épisode de Smallville dont le sous-titrage ne fonctionnait pas.
Le dossier revient pour finir sur les limites et les priorités à venir. Rappelant qu’un sous-titreur indépendant demande 2000 euros par semaine, le journaliste en déduit que les producteurs « bâclent » le sous-titrage des films par exemple, à l’image des « Bronzés 3 » rendu accessible en 3 jours, pour faire des économies. « On atteint le grotesque lorsque les chaînes sous-titrent leurs films au moment de la diffusion à l’antenne et laissent tomber le sous-titrage lors de la sortie en DVD, ce qui est très courant ». Nathalie Gantillon, sous-titreuse, évoque, quant à elle, la difficulté de sous-titrer certaines séries à la réalisation très dynamique. Si le passage des sous-titres d’un média à l’autre devrait être facilité avec la généralisation du numérique, les sourds doutent de l’application de la loi de 2005 et espèrent que plutôt qu’un sous-titrage massif, un sous-titrage intelligent sera effectué permettant d’accèder en priorité à l’information comme tout citoyen...
Combien de sourds ?
– 2 308 400 personnes ayant une déficience auditive légère
– 1 300 000 personnes ayant une déficience auditive moyenne
– 111 600 personnes ayant une déficience auditive profonde
– Total : 4 000 000 de sourds et malentendants soit 6,6% de la population
– 80 000 personnes pratiquent la langue des signes
Source : Tv Hebdo / ministère de la santé
– au moins 6 000 000 de sourds dont 88% le deviennent par accident
Source : Tv Hebdo / Insee
Nombre d’heures sous-titrées en 2005 :
– TF1 : 1 845 heures (23,4%)
– France 2 : 2 296 heures (31,8%)
– France 3 : 2 296 heures (25,1%)
– France 5 hertzien : 1 281 heures (21,9%)
– M6 : 694 heures (8,8%)
Source : Tv Hebdo (nous attendons la publication des chiffres par le CSA avant de mettre à jour notre dossier consacré)
Un dossier d’Antoine Clause pour Tv Hebdo (programmes du 24 au 30 septembre 2006).
À lire sur medias-soustitres.com :
– Le droit de réponse de l’Association des Traducteurs/Adaptateurs de l’Audiovisuel