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J’ai testé les lunettes avec sous-titres de chez Sony Digital Cinema

Cinéma

Sony Digital Cinema a mis au point un système permettant à des lunettes d’afficher du sous-titrage. Ce qui serait pour eux un support qui répondrait à la demande de la mise en conformité de l’accessibilité des cinémas d’ici le 1er janvier 2015.

Mardi soir, j’ai testé pour vous, les lunettes « sous-titrées ».

Sony Digital Cinema ne connaît pas le monde des sourds. À mon arrivée, seul était présent un interprète en langue des signes. Pas de codeur LPC, pas de boucle magnétique, pas de vélotypie, pour une conférence de presse qui présente une solution d’accessibilité.
C’est un comble !

La conférence de presse s’est passée dans une salle de cinéma assez sombre.
Difficile de suivre la conférence de presse malgré les efforts de l’attachée de presse qui m’avait fait parvenir le powerpoint, avec cette obscurité impossible de lire sur les lèvres même en se mettant dans les premiers rangs.

Sony Digital Cinema nous donne des chiffres

Voilà les chiffres que j’ai compris.
Ceux que j’ai retenus : 4 à 6 millions de personnes sourdes en incluant les personnes âgées. Il y aurait un besoin de sous-titrage pour 600 000 personnes environ.
Ensuite, il y a environ 90 salles de cinéma qui ont déjà diffusé un film français sous-titré pour les sourds et malentendants.
5000 systèmes Sony sont prévus d’ici le 1er janvier 2015.

Les lunettes

Elles ne sont pas très lourdes, mais pas confortables surtout si on a déjà des appareils auditifs ou des lunettes voire les deux.
Il y a possibilité de régler les lunettes afin d’avoir les sous-titres dans le champ de vision. Il y aura la possibilité de brancher une boucle magnétique individuelle sur le système des lunettes.

En ce qui concerne l’esthétique, on repassera.

Chez Sony Digital Cinema, un sourd ça ressemble à ça.
©Sony

L’esthétique quand on va au cinéma, on s’en fout un peu mais pas tant que ça finalement. Quand vous allez voir un film en 3D avec des lunettes, tout le monde a la même tête dans la salle.
On partage un moment en commun même si on a tous l’air ridicules.

Par contre, si je suis la seule dans la salle à porter des lunettes d’extraterrestre, je me sens plus montrée du doigt que d’être ensemble à partager le même film.
Faire un cinéma en amoureux entre un(e) sourd(e) affublé(e) de ses lunettes et la personne qui n’en a pas besoin, pas facile d’avoir une bille de clown quand on cherche un moment romantique.
Ça, je pense que cela a complètement échappé aux ingénieurs de Sony.

Ce soir, on n’emballe pas au cinéma.
©Tous droits réservés

Sony Digital Cinema affirme aucune fatigue visuelle n’est ressentie durant la diffusion du film.
Ça devait être une bande-annonce parce qu’après 35 minutes de film, j’avais mal aux oreilles car elles étaient lourdes.

Les sous-titres sur les lunettes de Sony

La vision du sous-titrage est dépendante des lunettes.
Si tu bouges la tête, le sous-titre aura la position de la tête.
Si tu bouges la tête, le film lui ne bouge pas, mais les sous-titres suivent la position de ta tête, c’est comme si tu étais en mer sur un bateau en train de scruter l’horizon.

Honnêtement, regarder un film avec des lunettes sans bouger, cela me paraît difficilement envisageable. Il faut impérativement s’arranger pour que le sous-titrage s’affiche dans notre vision, mais aussi en dessous de l’écran pour une meilleure lisibilité ce qui n’offre pas le meilleur aperçu du film. Faire des allers-retours entre les sous-titres, ça va 5 minutes.
1h30 non, c’est pas possible.

En l’état actuel des choses, les sous-titres sont dans un vert assez flashy.
Le code couleur ne semble pas être prévu au programme, techniquement c’est plutôt compliqué.

La qualité du sous-titrage

Il faudra forcément retravailler les lignes de sous-titres prévues pour la projection numérique sur le grand écran. Dans la démonstration de ce soir, le sous-titre n’était absolument pas calé, les phrases pas coupées au bon endroit, voire même décalées.

Par moments, nous avons eu droit a des sous-titres sur 3 lignes ce qui est déconseillé pour la télévision, la dernière ligne était coupée par le bas (zone d’affichage du sous-titre).
Quel dommage.
Faire un retraitement pour que le sous-titrage passe sur un support tel que les lunettes numériques, mais quelle perte de temps !
Une version pour les lunettes, une pour le grand écran, une pour le petit écran, et je ne sais combien pour tous les supports confondus.

Conclusion

Mes oreilles ont difficilement supporté le poids des lunettes, mes yeux ont pleuré lors des premières minutes, je conçois qu’il puisse y avoir un temps d’adaptation, mais au bout de 35 minutes avoir les yeux qui picotent et un mal de tête bien accroché comme il faut... Peu de personnes étaient présentes dans la salle pour tester en grandeur nature.

Individualiser le sous-titrage peut sembler une bonne idée.
L’invention de ces lunettes n’est qu’une excuse pour ne pas imposer le sous-titre à l’écran. Mais la gêne que moi je vais ressentir : le sentiment d’exclusion, d’inconfort visuel, de mauvaise qualité du sous-titrage, ça ne compte pas.

Les sous-titres à l’écran, c’est une solution technique beaucoup plus simple et beaucoup moins chère. On le fait déjà pour les films en VOST.

Je ne suis pas sûre que cette innovation technologique nous donne envie d’aller voir un film en salles. On regardera les films chez nous, sans avoir l’impression d’être montré du doigt, et on ira voir des versions originales sous-titrées de films américains en salles comme on l’a toujours fait.

Après le « pas de bras, pas de chocolat », j’en avais pas rêvé mais Sony l’a fait.

Le cinéma est censé être un moment de plaisir partagé.

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