Diffusion le mardi 23 janvier à 20.50 sur France 2.
Le synopsis
Alors qu’au château, on fête l’anniversaire de la petite Justine, fille de Madame de Solar, un enfant produisant des cris étranges, à la grande honte de sa mère, fait irruption au milieu des convives. C’est Guillaume de Solar, sourd-muet, que sa mère, Madame de Solar, cache dans une masure au fond de la forêt. Retrouvé quelques jours plus tard, abandonné en pleine campagne, il est recueilli par l’abbé de L’Épée qui le baptise “Joseph” et qui va lui enseigner le langage des signes qu’il est le premier à avoir conçu comme une vraie langue. C’est le début d’une douloureuse et fascinante aventure. Car dès lors, l’Abbé, épaulé par sa soeur, ne va plus avoir qu’une seule obsession : parvenir à communiquer avec lui et connaître son secret. Puis, face à un si cruel destin, il prend la décision d’en appeler à la Justice, de faire retrouver sa famille, de faire punir ceux qui se sont rendu coupables d’enlèvement et d’abandon d’enfant, afin de restaurer Joseph dans ses droits et de lui restituer sa véritable identité.
Persiste et signe
L’Enfant du secret : une fable romanesque sur le langage des âmes
À la fin du 18e siècle, l’abbé de l’Épée se bat pour rétablir dans ses droits un jeune sourd et muet abandonné par sa mère… et ouvre les yeux de ceux qui n’entendent qu’avec les oreilles. D’une histoire vraie, Alicia Alonso et Patrick Laurent (scénario), Serge Meynard (réalisation), ont fait une fable romanesque sur le langage secret des âmes.
Pour la majorité des entendants, l’abbé Charles-Michel de L’Épée (1712-1789) évoque souvent peu de choses : une figure du Paris de la fin l’Ancien régime, un intellectuel oublié, ou plus simplement le nom de quelques rues à travers la France. Pour les sourds français et étrangers, il fait figure de héros et de “père spirituel”. Pédagogue original et pionnier, il ouvrit en 1760 chez lui, rue des Moulins à Paris, une école publique – ancêtre de l’actuel Institut national des jeunes sourds, rue Saint-Jacques – où les sourds-muets apprenaient à lire, à écrire et à s’exprimer par “signes méthodiques”, un mélange de la langue gestuelle utilisée par les sourds entre eux et de signes inventés par l’abbé. La méthode de L’Épée est aujourd’hui tombée en désuétude, reste son oeuvre “politique” : son combat en faveur des sourds, de leurs droits et de leur reconnaissance sociale.
L’“affaire Solar”, qui défraya la chronique judiciaire dans les années 1770, fut l’occasion pour l’abbé de déployer toute sa pugnacité pour défendre l’un de ses élèves, un enfant abandonné dans de mystérieuses conditions et en qui certains voulaient reconnaître le jeune comte de Solar. “La comédienne Alicia Alonso – explique Bénédicte Lesage, productrice de L’Enfant du secret pour Mascaret Films – est tombée par hasard sur cette histoire et m’a parlé de son envie d’en faire le sujet d’une fiction. Comme elle n’a pas l’habitude de l’écriture de scénarios, je lui ai proposé de travailler avec Patrick Laurent. Nous avons pris certaines libertés avec les faits historiques : dans la réalité, la comtesse de Solar était morte au moment des événements et l’affaire s’est achevée de façon plus confuse et moins optimiste que nous le racontons. Mais cela nous permettait de mettre en scène de manière non caricaturale une mère qui abandonne son enfant parce qu’elle ne supporte pas le regard qui est porté sur lui. Comment la société définit-elle ce qui est humain et ce qui ne l’est pas ? J’aime que les fictions ne soient pas seulement un divertissement et qu’elles posent, au passage, quelques questions.” Au risque d’effrayer un partenaire étranger qui, dit-on, a préféré se retirer du projet… Le rôle de la mère “indigne” n’a pas rebuté Claire Borotra. Au contraire. “Je trouve toujours plus passionnant de défendre des personnages qui ne sont pas tout d’un bloc, d’emblée sympathiques ou héroïques, mais qui ont la possibilité d’évoluer. La comtesse de Solar est une aristocrate qui pense devoir, même au prix d’une grande souffrance, sacrifier son enfant au nom de son statut social. Pourtant, elle va ouvrir peu à peu les yeux et être capable d’une sorte de rédemption. Un cheminement qui se prête assez bien au sujet et reflète, il me semble, la lente prise de conscience de la société en faveur des sourds.”
Face à cette mère – puis à ses côtés –, Michel Aumont incarne l’humanité profonde, opiniâtre et militante de l’abbé de l’Épée. Le comédien est encore tout étonné qu’on ait pensé à lui pour un tel personnage. “Habituellement, il faut bien l’avouer, on me confie surtout des rôles de salauds. Cet abbé, au contraire, est un être profondément bon, tourné vers les autres, et en même temps c’est une tête de mule. La bonté et la combativité. Ça me le rend très sympathique. Comme tout le monde, je ne le connaissais que très vaguement, alors je me suis documenté. D’abord pour avoir l’air très savant quand j’en parle (rires) mais surtout parce que, lorsque je joue un personnage historique, j’essaie de trouver dans les faits historiques des détails qui donnent plus de force et de crédibilité à mon interprétation.” Surtout, le comédien a pris une trentaine de cours auprès d’un professeur sourd de langue des signes. Car, hormis la petite entorse à la vérité déjà mentionnée, le projet se voulait le plus juste possible sur l’essentiel : l’évocation de l’abbé de L’Épée et de la situation faite aux sourds à la fin du XVIIIe siècle. Le scénario fut donc donné à lire à Emmanuelle Laborit, comédienne et militante de la cause des sourds, qui aima le projet et n’épargna pas ses conseils. “C’est grâce à elle, explique la productrice, que nous avons obtenu pour Michel Aumont un “coach” – qui s’est également occupé de rechercher les signes utilisés à l’époque par l’abbé – et que nous sommes entrés en contact avec les instituts de sourds à travers la France.”
Restait, en effet, le plus difficile : trouver de jeunes comédiens pour jouer les élèves de L’Épée. Une recherche qui a demandé près de huit mois à Cendrine Lapuyade, spécialiste des castings “atypiques”. Si Baptiste Gintzburger-Battle avait déjà fait une apparition dans Code inconnu (2000) de Michael Haneke, si Romane Kasprzak avait déjà tourné dans des publicités, Jimmy Legrand (de l’Institut Saint-Jacques, à Paris) fait ici ses premiers pas devant une caméra. “Le rôle de Guillaume de Solar a été le plus difficile à pourvoir. Nous en étions presque arrivés à envisager de l’attribuer à un comédien entendant, ce qui eut été aberrant, lorsque nous avons trouvé Joshua Julvez (14 ans) qui faisait du théâtre à l’Institut de Nancy. Son naturel et sa justesse nous ont étonnés.” Avant de tourner, les comédiens sourds reçurent un DVD contenant un résumé du film ainsi que les dialogues en langue des signes. Sur le plateau, ils pouvaient en outre compter sur le soutien de plusieurs professeurs et interprètes, notamment la comédienne entendante et bilingue Nathalie Roche. “Entre les prises, se souvient Joshua, quand on ne savait pas quoi faire, on cherchait des signes pour désigner les membres de l’équipe. Au bout d’un moment, chacun venait nous voir pour connaître le signe qu’on lui avait attribué et pour apprendre quelques mots en LSF”.
Christophe Kechroud-Gibassier pour l’hebdo de France 2
Signes de distinction
Michel Aumont est l’abbé de L’Epée
Que dire d’autre de Michel Aumont que "C’est un grand" ? Cela met tout le monde d’accord : peu de comédiens font à ce point l’unanimité. "Placide", comme il se décrit lui-même, discret (“Ma coiffeuse me dit toujours : on ne vous voit jamais dans Gala”), l’ancien sociétaire (n° 440) de la Comédie-Française est aussi un modeste qui cache derrière l’humour le perfectionnisme de l’artisan.
Vous connaissiez cet abbé de L’Épée ?
Très peu. J’en avais entendu parler, comme la plupart des gens, j’imagine. Cela a été l’occasion de me documenter un peu, j’ai fait quelques recherches. Ce qui m’a permis d’avoir l’air très savant sur le tournage (rires). J’ai découvert un personnage passionnant, un être profondément bon, tourné vers les autres, et en même temps quelqu’un qui était très engagé dans les débats de son époque, dans la vie de la cité, avec un côté tête de mule. La bonté, la patience et la combativité. Ça me le rend très attachant.
On ne vous voit pas si souvent dans des rôles aussi positifs…
C’est vrai, il faut bien avouer qu’on me confie assez volontiers les salauds (rires)… Même s’il m’est tout de même arrivé de jouer des types plus ou moins souriants, des gens presque normaux, voire, à l’occasion, franchement sympathiques. Mais, enfin, avec l’abbé de l’Épée, on est au-delà de ça : c’est un saint homme ! Et, pour les sourds, c’est un véritable héros. Son enseignement est aujourd’hui désuet mais il s’est beaucoup bagarré pour eux, qui étaient à l’époque considérés comme des débiles mentaux, des sous-hommes et des parias.
Quand votre personnage recueille cet enfant abandonné, on ne peut pas s’empêcher de penser à L’Enfant sauvage de François Truffaut.
Bien sûr. C’est d’autant plus vrai que le docteur Itard, qui s’est occupé du petit Victor de l’Aveyron a été aussi un grand spécialiste des sourds. Mais le contexte est plus tardif et très différent. Itard était un scientifique, un rationaliste et surtout un partisan de l’oralisme. Au contraire, l’abbé de L’Épée était un homme de foi, qui voulait faire le salut de ces enfants sourds, les sauver de l’enfer, leur faire une place dans la société. C’est pourquoi il leur enseignait en premier lieu les vérités religieuses. Ce qui est bien naturel pour un abbé, n’est-ce pas !
Ce travail de documentation auquel vous vous êtes livré, c’est une habitude quand vous interprétez un personnage historique ?
Oui, que ce soit au théâtre, au cinéma ou à la télévision, ça m’intéresse de lire des choses sur mes personnages. J’espère toujours que ça va m’apporter des petits détails, des déclics, qui donneront plus de force et de crédibilité à mon interprétation.
Et comment vous êtes-vous préparé plus spécifiquement à jouer cet abbé qui utilise le langage des signes ?
De la manière la plus sérieuse qui soit : en prenant des cours avec un professeur sourd de langue des signes. Une trentaine, d’environ deux heures chacun, ce n’est pas rien ! Au début, on rigolait beaucoup : il est très bon comédien et il faisait des mimiques extraordinaires. Et puis, à mesure que les choses sont devenues plus complexes, j’ai réalisé à quel point c’est une langue très, très difficile. J’ai eu beaucoup de mal. Je suis toujours incapable d’engager une véritable conversation – d’autant que j’ai appris, non pas les signes d’aujourd’hui, mais ceux qu’utilisait L’Épée dans son école au XVIIIe siècle – mais je crois m’être pas trop mal débrouillé avec le peu que j’avais à dire. Le plus troublant pour moi était de devoir passer d’une langue à l’autre, traduire les signes en mot et vice-versa. Mais c’est un très bon exercice pour un comédien.
C’est la troisième fois que vous travaillez avec Serge Meynard…
Oui, en 1992, j’ai participé à Sexes faibles, avec Valérie Lemercier et François Cluzet, un film de cinéma qui n’était pas totalement réussi, Serge en convient lui-même, mais qui reste un très bon souvenir. Plus récemment, en 2004, je faisais partie de la distribution de La Nuit du meurtre (*), avec Jacques Spiesser, Jean-Pierre Lorit, Julien Boisselier, etc., qui, je crois, était un téléfilm de très bonne qualité. Avec des réalisateurs tels que lui, quand les histoires sont bonnes, quand mes partenaires me semblent sympathiques, j’ai toujours beaucoup de plaisir à travailler pour la télévision, bien que les tournages soient toujours trop rapides à mon goût. Pour autant, ma passion, c’est le théâtre. Il faut reconnaître que c’est beaucoup plus de travail, beaucoup plus de stress… et beaucoup moins d’argent (rires), mais c’est là qu’est l’essence de mon métier.
Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier pour l’hebdo de France 2
(*) Diffusé sur France 3.
L’abbé de L’Epée
et l’école de la rue des Moulins
Au XVIIIe siècle, l’abbé de L’Épée travailla à faire sortir les sourds-muets de l’enfermement et de la marginalité, et jeta les bases d’un enseignement respectueux de leur singularité.
“L’intérêt que la Religion et l’humanité m’inspirent pour une classe vraiment malheureuse d’hommes semblables à nous, mais réduits en quelque sorte à la condition des bêtes, tant qu’on ne travaille point à les retirer des ténèbres épaisses dans lesquelles ils sont ensevelis, m’impose une obligation indispensable de venir à leur secours, autant qu’il m’est possible.”
Abbé de L’Épée, La véritable manière d’instruire les sourds et muets (1784).
Charles-Michel de L’Épée – de son véritable nom Lespée – naît en 1712 à Versailles. Il est le fils d’un expert ordinaire des bâtiments du roi. Après une scolarité au collège des Quatre Nations, où sont enseignées les idées de Descartes, il entreprend des études de théologie. Mais ses sympathies jansénistes lui interdisent la carrière ecclésiastique : il se tourne vers le droit et devient avocat au Parlement de Paris. Quelques années plus tard, protégé par l’évêque de Meaux, il peut enfin recevoir les ordres et devient prêtre en 1738. Mais, avec la mort de son protecteur et le réveil de la persécution contre les jansénistes, L’Épée se voit interdire la prédication et la confession. Il retourne aux études – la philosophie, cette fois – et continue à s’intéresser aux débats de son époque, à prendre parti dans les affaires religieuses (les miracles, la “précipitation des messes”…). Il a la plume volontiers bagarreuse et écrit même quelques pamphlets.
En 1760 a lieu l’événement qui va modifier le cours de sa vie. Le précepteur de deux jeunes jumelles sourdes et muettes étant mort, leur mère fait appel à L’Épée. L’abbé rencontre les fillettes, est frappé par les signes qu’elles utilisent pour communiquer entre elles, se persuade qu’il s’agit d’un langage exprimant une pensée rationnelle et se met en tête de travailler à leur éducation… L’histoire a sans doute été enjolivée par les disciples de l’abbé pour en faire une pieuse légende, une sorte de mythe fondateur, peu importe. Toujours est-il que L’Épée ouvre, chez lui, rue des Moulins, une école publique où il reçoit de jeunes sourds et muets (d’abord des filles, les garçons viendront plus tard). Il veut "faire leur salut", spirituel et social : leur enseigner le catéchisme, ce qui est la moindre des choses pour un ecclésiastique, mais nécessite de leur apprendre à lire et à écrire ; leur enseigner un métier manuel (pour les garçons) ou à tenir une maison (pour les filles).
L’Épée, à vrai dire, n’est pas le premier à s’intéresser aux sourds. Quelques pionniers l’ont précédé. Dès le XVIe siècle, des religieux espagnols ont mis au point un alphabet manuel permettant aux sourds de communiquer en épelant les mots. Le XVIIIe siècle, passionné par le langage et par l’éducation, ne pouvait demeurer en reste. Contemporain de L’Épée, Jacob Rodrigues Pereire rencontre quelques succès grâce à une méthode combinant dactylologie espagnole, lecture et apprentissage de l’articulation. Prudent, cependant, il se limite à quelques élèves issus de la bourgeoisie d’affaire et de l’aristocratie, et surtout qui montrent des prédispositions. Sa réussite la plus éclatante est son élève Saboureux de Fontenay, écrivain, pratiquant plusieurs langues, qu’on peut apercevoir vers 1750 au café de la Régence, discutant avec Diderot.
L’originalité de L’Épée est double. D’une part, son établissement tient autant du refuge que de l’école. Rue des Moulins, les sourds trouvent la porte ouverte. L’abbé puise dans sa fortune personnelle et fait appel au lieutenant de police, l’invitant à lui envoyer les enfants trouvés. Il s’agit de faire sortir les sourds des hôpitaux et des hospices où ils sont relégués pour en faire des individus libres et des chrétiens. D’autre part, il y a la méthode : si l’Épée n’est pas le premier à vouloir éduquer les sourds, il est l’un des premiers à s’intéresser à leur langage. Reprenant une tradition philosophique qui va de saint Augustin à Descartes, il pose 1° que les signes (gestuels) et les sons peuvent être équivalents pour exprimer des idées (ce qui ne fait pas l’unanimité) ; et donc que 2° les signes sont la preuve que ceux qui les pratiquent ont une pensée rationnelle (ce qui va encore moins de soi pour une époque qui voit dans la langue des signes la mimique ridicule et insensée d’attardés mentaux). Pour autant, le projet de l’abbé n’est pas d’éduquer les sourds dans leur langue. Les “signes méthodiques” qui ont cours dans son école sont une espèce de créole : des signes empruntés aux sourds mêlés à d’autres, inventés, le tout plaqué sur la syntaxe du français. Ce n’est déjà pas si mal…
De 1760 à sa mort, L’Épée n’épargne pas sa peine. Ils enseigne, écrit des traités, reçoit des visiteurs (le roi, des philosophes, des aristocrates, l’empereur d’Autriche, des nobles espagnols, etc.), forment des disciples (une vingtaine d’écoles ouvrent en Europe, s’inspirant de sa méthode), fait faire à ses élèves des démonstrations à la Cour… Ce n’est pas tout à fait désintéressé mais comment le lui reprocher ? Il doit chercher des protecteurs et des mécènes (en 1780, les élèves sont plus de soixante), s’assurer de la survie de l’école après sa mort et répondre aux critiques. L’abbé n’a pas perdu le goût de la polémique : il ferraille contre l’abbé Deschamps, contre l’Allemand Samuel Heinicke, partisans féroces de la méthode orale, qui affirment que la parole est le préalable à tout enseignement de la langue et qu’il n’y a pas de pensée sans langage parlé. Il faut faire parler les muets ! Et pour cela, tous les moyens sont bons : de l’eau, de l’huile, des excitants ou de l’extrait d’absinthe déposés sur la langue pour provoquer un réflexe. (Un siècle plus tard, pour faire entendre les sourds, on enfoncera des seringues dans leurs oreilles. Ou des horreurs pires encore.) L’Épée tient bon : l’écriture et les signes gestuels permettent aux sourds-muets de concevoir des idées abstraites ; l’ouïe peut être suppléée par la vue, il s’agit de “faire monter par la fenêtre ce qui ne peut entrer par la porte, c’est-à-dire d’insinuer dans l’esprit des sourds et muets, par le canal de leurs yeux, ce qu’on ne peut y introduire par l’ouverture de leurs oreilles”. Il ne se doute pas que cette querelle majeure entre “oralistes” (principalement les entendants) et partisans de la langue des signes (les sourds et leurs “alliés”) lui survivra pendant deux siècles. En est-on vraiment sorti ?
Charles-Michel de L’Épée meurt en décembre 1789. En 1791, l’Assemblée nationale décide d’honorer “du titre de bienfaiteur de l’humanité celui qui créa une langue et une intelligence à ces infortunés” et institue l’école de la rue des Moulins établissement public. Trois ans plus tard, l’Institut national des jeunes sourds emménage dans les murs de l’ancien séminaire Saint-Magloire, rue Saint-Jacques. Il s’y trouve encore aujourd’hui.
Christophe Kechroud-Gibassier pour l’hebdo de France 2
La langue des signes française (LSF)
La LSF est une véritable langue, au même titre que le français, l’anglais ou l’allemand. Cela signifie
– 1° que c’est une langue naturelle, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été inventée mais s’est formée peu à peu au cours de l’histoire de la communauté sourde et afin de répondre au besoin de ses membres de communiquer entre eux
– 2° qu’elle possède une grammaire, une syntaxe, un vocabulaire, des niveaux de langage (soutenu, poétique, argotique, etc.) et des dialectes régionaux
– 3° ce n’est pas une langue universelle : il existe une langue des signes pratiquée par les sourds américains, différente de celles qu’utilisent les sourds français ou les sourds allemands.
À cela, on peut ajouter que la LSF est la langue d’une population minoritaire et qu’à ce titre elle fut le plus souvent ignorée ou méprisée, mais aussi parfois combattue voire interdite.
Christophe Kechroud-Gibassier pour l’hebdo de France 2
Fiche technique
Réalisé par Serge Meynard.
Scénario de Patrick Laurent, Alicia Alonso et Serge Meynard.
D’après une idée originale de Alicia Alonso.
Avec : Michel Aumont (Abbé de l’épée), Claire Borotra (Comtesse de Solar), Fanny Conttençon (Marie de l’Epée), Yvon Back (Cazeaux), Joshua Julvez (Guillaume), Laurène Loctin (Agnès), Baptiste Gintzburger-Battle (Henri), Romane Kasprzak (Camille), Tristan Gendreau (Auguste), Lucille Jounent (Thérèse), Jimmy Legrand (René), Damien Paisnel (Séverin), Marc Prin (Lieutenant de ville), Quentin Baillot (L’Avocat), Michaël Vander-Meiren (Président du Tribunal), Hélène de Saint Père (Madame Bonaventure), Alicia Alonso (Jeune religieuse), Solène Bouton (Manon).
Une production Expand Drama et Fontana SPRL – RTBF. Avec la participation de France 2.
90 min.
Philippe Bourdais, 1er Assistant-Réalisateur Cinéma & Télévision
"A l’origine, mon site a servi pendant la préparation du film à tous les
techniciens et aux enfants malentendants pour obtenir toutes sortes d’infos
sur la préparation du film et du tournage.
Le film terminé, j’ai décidé de ne pas supprimer le site et de lui laisser
une deuxième "exploitation", une "deuxième vie" pour le grand public qui
vient par hasard..."